jeudi 14 novembre 2013

Analyse-témoignage

J'ai rédigé une analyse témoignage. Je ne sais pas trop à quoi elle peut mener, ni si c'était utile d'écrire ainsi, mais ça me semblait nécessaire. Comme je me suis rendu compte à la fin de la rédaction que ça risquait d'être un peu long, j'ai divisé l'article en 2 parties. Voici la première : 




Aujourd'hui, je sais que je peux être content de m'en être sorti. J'ai été tellement pris par la destruction d'une amitié à laquelle je tenais énormément, que j'en ai oublié d'avancer par rapport au harcèlement scolaire. Ainsi la destruction de cette amitié représentait pour moi, quelque part, une des conséquences du harcèlement. Seulement, je n'arrive pas vraiment à m'expliquer pourquoi, si ce n'est le passage d'un état extrême à un autre état extrême, à savoir son exact contraire. 

Ce n'est peut-être pas très clair, alors ce que j'essaye de dire, c'est qu'à 16 ans, j'étais au fond du trou, alors qu'à 17 ans, j'étais heureux comme jamais je n'avais été heureux. C'est cette amitié qui me rendait heureux. Ce n'est qu'une fois après l'avoir détruite de manière involontaire et après m'être demandé pourquoi j'avais agi de telle façon, que j'ai fini par trouver la réponse. J'ai passé beaucoup de temps à chercher la raison pour laquelle je m'étais comporté ainsi. Je m'étais tellement remis en question que j'ai gagné plus ou moins en maturité.  

Seulement avant cette histoire, je n'avais pas d'ami(e)s, à qui me confier réellement ou pour partager des activités. Mais quand je regarde des témoignages de personnes ayant été harcelé(e)s, je pense que j'ai vraiment eu de la chance, par rapport à d'autres. Quand certains n'avaient aucun moment de répit, en ce qui me concerne, j'avais au moins le transport en bus qui était "reposant", où je ne subissais pas ce calvaire quotidien qu'est le harcèlement. 

C'était toujours une fois dans l'enceinte du collège que j'attirais les regards et les moqueries. Mais même là, je dois reconnaître que j'avais quelques petits instants de répit(même si, c'était jamais très longtemps). Du coup j'ai la bizarre impression de ne pas avoir vraiment vécu ce harcèlement, alors que si. Et puis suite à mon départ du collège, les réseaux sociaux ont connu une certaine expansion. Le harcèlement à l'école peut se transformer ainsi en cyber-harcèlement pour les élèves harcelés par leurs pairs.  Mais quand je vois l'horreur que Pauline F. et Noélanie.S devaient subir chaque jour, je me dis que mon vécu reste "soft". Elles vivaient un tel calvaire qu'elles ont fini par succomber. Pa rapport à d'autres, j'ai le sentiment que ce n'est "presque rien". 


Pourtant, j'avais bien droit à des "casse-toi", des "tu pues", "t'es moche", et plein d'autres remarques bien désagréables. Et j'y avais droit chaque jour. Les coups venaient surtout lors des pauses, avec des "brutes". Ils trouvaient toujours un prétexte. Mais aujourd'hui, ça reste flou, je ne sais même plus du tout pour quelle raison il m'arrivait de me faire agresser par ces brutes. Et puis il y avait les cours de sport, et là mes camarades ne cherchaient même plus de prétextes, c'était même leur "jeu". Nous partagions des vestiaires à l'intérieur, enfin peu importe. Et nous nous trouvions toujours à proximité lorsqu'il fallait se changer, mais je ne savais jamais quand je recevais un coup, seulement je recevais toujours d'abord des moqueries, puis un coup, sans raison. 


Comme ça, ça a l'air de méchancetés puériles qu'il faut laisser passer, mais à force d'entendre de telles choses, on finit par penser qu'il n'y a personne qui puisse nous apprécier, et enfin, on tombe en dépression. Alors pour moi, je ne sais pas si l'on peut qualifier ce qui s'était passé de longue et grande déprime ou de dépression, ce qui est sûr, c'est que j'ai été dans un état négatif de mes 13 à mes 17 ans.  Je raconte ici ce dont je me souviens. Mais à l'époque, j'ai fini par intégrer que ce que je vivais était entièrement normal, et donc, j'ai beaucoup de mal à me remémorer tous les événements, même en général. Mes souvenirs restent donc plutôt flous, comme déjà dit précédemment. 


Ajoutez aux violences verbales, les coups, et la solitude, ainsi qu'un joli "c'est de ta faute", de la part des parents lorsque l'on expose enfin, après trois années de harcèlement, et on obtient un cocktail parfait pour avoir quelques idées noires. Alors bien sûr tout ça c'est derrière moi, et ça commence à être un peu lointain, mais certaines conséquences resteront probablement indéfiniment. Parce que c'est notre vécu qui nous façonne, en partie. 



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